In Situ L'art contemporain au cœur de l'abbaye de Lagrasse

IN SITU Patrimoine et art contemporain, manifestation estivale portée par l’association Le Passe Muraille, établit un dialogue entre l’architecture patrimoniale et l’art contemporain. Les installations, souvent spectaculaires, sont éphémères et adaptées à l’esprit des lieux. La manifestation valorise des sites incontournables de la région de manière originale par la création artistique contemporaine. Chaque année depuis 2016, l'abbaye de Lagrasse laisse libre-cours à l'imagination d'un artiste.

Le Département de l’Aude, fervent partenaire de la manifestation IN SITU, et soutien à la création artistique, accueille depuis 2016 à l’abbaye de Lagrasse, les œuvres d’artistes de renommée internationale.

Petit retour en arrière sur les précédentes éditions au sein de l'abbaye de Lagrasse

  • 2016 : Composée de 17 cloches de verre noires, l’installation Lamentaciones, dont les battants en résine représentent des bras, intègre une partition vocale de 30 minutes réalisée par Joan Sanmartí et inspirée par le livre des Lamentations du prophète Jérémie. Disposées symétriquement dans l’immense dortoir de l’abbaye de Lagrasse, chaque cloche est suspendue à la hauteur des oreilles du visiteur, le son des voix est transmis par certaines cloches tandis que d’autres sonnent. On découvre un univers troublant à la beauté grave, énigmatique et qui ne cesse d’envoûter
    Javier Pérez est né en 1968 à Bilbao, il vit et travaille à Barcelone. Depuis les années 1990, Javier Pérez a développé une œuvre imprégnée par un symbolisme puissant et servie par un recours intense à la métaphore. Il a exposé successivement au Guggenheim de Bilbao (2000), au Carré d’Art de Nîmes (2003), au Palacio de Cristal, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía à Madrid (2004), au Musée Réattu (2013), au Centre Pompidou (2015).

 

  • 2017 : Installation d’un Tableau éphémère, œuvre de l’artiste Christian Jaccard. L’œuvre de Jaccard s’organise autour de deux pratiques et de deux principes, les nœuds, et la combustion. Les Tableaux éphémères, œuvres réalisées in situ, sont composés de centaines d’ombres de suie résultant de la combustion d’une multiplicité de lignes de gel thermique déposées sur les parois. Le feu, source de vie et de lumière, est un des outils constitutifs de la pratique artistique de Christian Jaccard depuis les années 1970. Son atelier est devenu un laboratoire nomade et éphémère, déplacé pendant quelques jours dans le dortoir de l’abbaye de Lagrasse à l’occasion de la 6ème édition de IN SITU Patrimoine et art contemporain, succédant à l’installation sonore Lamentaciones de Javier Perez en 2016. Christian Jaccard interviendra sur un mur immense réalisé spécifiquement pour son intervention. 
    Christian Jaccard est un plasticien de nationalité suisse et française, né en 1939 à Fontenay-sous-Bois. Il vit et travaille à Paris. Il est représenté dans les plus grands musées français, (Musée d’Orsay, MACVAL, musée Pompidou, etc) et expose régulièrement dans le monde.

 

  • 2018 : Installation de l’œuvre de Stéphane Thidet, La crue. L’œuvre de Stéphane Thidet, La crue, réalisée à partir de techniques de charpente navale, mobilise l’imaginaire sur un mode mémoriel. Le lien avec la nature traverse tout le travail de l’artiste. La fiction du retour au sauvage ou encore la peur du déchaînement des éléments se retrouvent dans cette œuvre, dont se dégage un sentiment d’étrangeté.
    Né le 20 mai 1974 à Paris. Vit à Paris et travaille à Aubervilliers. Diplômé de l’École nationale supérieure des Beaux-arts de Paris en 2002 et de l’École supérieure des beaux-arts de Rouen en 1996. Enseignant à l’École Supérieure d’Art de Nantes (volume et espace).
    Ses œuvres mettent en scène sa vision de la réalité en l’imprégnant de fiction et de poésie. S’appuyant sur des situations de la vie courante, il y décrit toutefois la notion d’instabilité face à l’érosion du temps et de l’action qui mène à leur disparition. Ou plutôt, comme il préfère le dire, à « une certaine amnésie qui résulte de l’artificialité des éléments ; amnésie qui n’a pas pour vocation d’effacer mais, bien au contraire, de reconstruire les choses et les situations ».

 

  • 2019 : Pour IN SITU Patrimoine et art contemporain, Abdelkader Benchamma a réalisé un grand dessin mural de près de 40m2 face à la cheminée Renaissance de la salle d’apparat de l’abbaye de Lagrasse. 
    Abdelkader Benchamma est né en 1975 à Mazamet, Tarn. Il vit et travaille entre Paris et Montpellier. Dépassant les limites du dessin, Abdelkader Benchamma réalise d’immenses fresques murales qui perturbent notre rapport à l’espace et parviennent à faire douter le visiteur de la réalité de sa perception. À l’encre et au fusain, il crée des œuvres aux bords incertains, dont le mouvement déstabilise le visiteur en jouant notamment avec les codes de la figuration et de l’abstraction. Organiques, ces ensembles peuvent faire penser à des paysages, non pas au sens classique du terme mais plutôt parce que les flux dessinés évoquent le mouvement d’éléments naturels, comme l’air, les nuages, la terre, l’espace…

 

  • 2020 : La manifestation se tient du 1er juillet au 1er novembre. L'artiste belge Nadia Naveau investit les arcades de l’abbaye, ses jardins et une cour intérieure avec ses sculptures.
    Nadia Naveau est connue pour ses sculptures figuratives. Ses sculptures séduisantes et surprenantes sont le résultat d’un jeu avec les couleurs, les formes, les échelles et divers matériaux tels que le plâtre, la céramique, le bronze, la pâte à modeler et le polyester. Elles révèlent une certaine postmodernité en raison de leur éclectisme. Dans son œuvre, la sculptrice Nadia Naveau expérimente les formes, les matériaux et l’utilisation des couleurs. Ses images sont des interprétations contemporaines qui renvoient à un passé. Elle unit les choses de l’antiquité de façon transparente avec des éléments de notre société contemporaine. Pour ses sculptures, elle s’inspire de différents contextes et les pétrit ensemble dans une iconographie excentrique et étrange. Tout peut être source d’inspiration. La polyvalence de son œuvre provient toujours de la matière, qui aide à déterminer la puissance et le langage de l’image

    Les oeuvres présentées à l'abbaye de Lagrasse 
    Olympia & Figaro
    Présentée dans la cour du logis, l’œuvre Olympia & Figaro gît au sol, attirant votre regard dès que vous entrez dans la cour. La sculpture semble être en morceaux, étirée par la perspective et les pas du spectateur, qui en se rapprochant, découvre un tout lisible.
    Olympia & Figaro est un clin d’œil à la peinture à l’huile Olympia de Claude Manet.
    Figaro’s Triumph
    Figaro’s Triumph (Le Triomphe de Figaro) a le profil d’une personne exubérante. C’est une célébration de la forme et de la couleur. La sculpture rayonne de liberté et dessine un nez sur le monde. Le nez de Pinocchio, un héros contemporain. La silhouette fantaisiste est couronnée d’un chat perché sur la tête de Figaro et regardant le monde avec un regard franc. La sculpture, grande et ludique, diffère selon l’endroit où vous la regardez.
    Roman Riots #2
    Apollon est une statue appartenant au groupe de sculptures Roman Riots, qui s’inspire d’un groupe de sculptures reconstruites que l’on peut voir dans un musée archéologique en Grèce. Le groupe de sculptures de la Grèce antique n’est pas intact, seuls quelques fragments de ce groupe de sculptures historiques ont été trouvés. La reconstruction montre comment les pièces perdues ont été remplacées par un engrenage. Nadia Naveau utilise la même technique et accroche ses images sur une grille. L’artiste donne une interprétation moderne de la Centauromachie, une bataille mythique grecque qui apparaît souvent dans l’art de l’Antiquité classique. L’Apollon de Nadia Naveau est présenté comme un pilote de Formule 1 : couronné de succès, beau, puissant.
    Knickerbocker Glory
    Un Knickerbocker Glory est un classique de la carte des desserts côtiers en Grande-Bretagne depuis les années 1930. Personne ne sait exactement d’où vient le nom. Le concept de ce dessert est simple, il est servi dans un grand verre conique et se déguste avec une longue cuillère assortie. La recette est facile : des couches de crème glacée, fruits, sauce aux fruits, crème fouettée et biscuits émiettés.
    Les mains de Nadia Naveau ont construit, modelé, ajouté et supprimé de la matière, donnant naissance à cette sculpture. Une sculpture qui lui rappelait un Knickerbocker Glory, d’où son nom !
    Les Mamelles de Tirésias
    La sculpture tire son nom d’une pièce d’Apollinaire. Le 24 juin 1917, la pièce a été jouée pour la première fois, Picasso a conçu les décors. Apollinaire a renversé le mythe du devin aveugle de Thèbes Tirésias, avec une interprétation provocatrice des éléments féministes et pacifistes, racontant l’histoire de Thérèse, qui change de sexe pour gagner le pouvoir parmi les hommes, dans le but de changer les habitudes, de bousculer le passé et surtout d’accéder à l’égalité entre les hommes et les femmes.
    L’œuvre Les Mamelles de Tirésias a commencé avec un empilement de différents piédestaux. Le piédestal de cette sculpture est dérivé et peint, littéralement et figurativement. Le piédestal lui-même devient sculpture, autonome et faisant partie de l’installation.
    Deaf Ted
    Deaf Ted (Ted sourd) représente Héraclès, avec une tête de lion. Héraclès est une figure de la mythologie grecque, un vrai héros capable d’accomplir de grandes actions grâce à la combinaison d’une force démesurée et d’une bonne dose d’intelligence. Nadia Naveau donne à la sculpture Deaf Ted les oreilles de Mickey Mouse. Le titre de la sculpture est tiré d’un poème de John Lennon « Deaf Ted, Danoota & Me ».